ASSEMBLÉE NATIONALE DU QUÉBEC, 41e Législature
Motion reconnaissant les crimes contre l'humanité
commis au Cambodge entre 1975 et 1979
Motion du 16 septembre 2015
Motions sans préavis
Déclarer le 19 septembre Journée de commémoration des crimes contre l'humanité commis au Cambodge par les Khmers rouges
2015-09-16 Crime contre l'humanité/Cambodge/Journée thémathique/Motion sans préavis
http://www.assnat.qc.ca/fr/deputes/weil-kathleen-33/interventions.html#_Toc430267076
Source: Assemblée nationale du Québec
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Je reconnais maintenant un membre du groupe formant le gouvernement et je reconnais Mme la ministre de l'Immigration, et de la Diversité, et de l'Inclusion. Mme la ministre. Déclarer le 19 septembre Journée de commémoration des crimes contre l'humanité commis au Cambodge par les Khmers rouges Mme Weil : M. le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, le député de Deux-Montagnes, la députée d'Arthabaska et le député de Mercier : «Que l'Assemblée nationale reconnaisse les crimes contre l'humanité commis au Cambodge il y a maintenant quarante ans par les Khmers rouges entre 1975 et 1979; «Que l'Assemblée nationale réaffirme son engagement envers les valeurs de tolérance et de respect des droits de la personne en condamnant ces crimes perpétrés par un régime responsable de la mort de plus de 1,7 million de personnes et ayant forcé l'exil de milliers de familles vivant [...] au Cambodge; «Que l'Assemblée nationale rappelle que plus de 10 000 Cambodgiens se sont réfugiés au Québec au cours de la décennie qui a suivi la perpétration de ces crimes et qu'une communauté cambodgienne d'environ 15 000 personnes réside actuellement au Québec et participe pleinement à son essor; «Que l'Assemblée nationale commémore ces événements tragiques afin que l'horreur vécue par les victimes ne soit jamais oubliée, ni répétée et qu'elle exprime ainsi le souhait que la journée du 19 septembre devienne la Journée de commémoration des crimes contre l'humanité commis au Cambodge par les Khmers rouges entre 1975 et 1979. «Enfin, que l'Assemblée observe une minute de silence en hommage aux victimes.» Le Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il consentement de débattre de cette motion? M. Sklavounos : ...d'un maximum de deux minutes par intervenant, à commencer par notre ministre de l'Immigration, de l'Inclusion et de la Diversité, qui est l'auteure de la motion, suivie de la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, le député de Deux-Montagnes et le député de Mercier, M. le Président. Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, tel qu'entendu, on va procéder. Alors, Mme la ministre, à vous la parole. Mme Kathleen Weil Mme Weil : Merci, M. le Président. Alors, c'est avec une grande émotion que je prends la parole aujourd'hui afin d'accomplir notre devoir de mémoire en reconnaissant officiellement les crimes d'honneur... crimes contre l'humanité commis au Cambodge il y a maintenant 40 ans. À l'approche du 19 septembre, cette tragédie évoque de douloureux souvenirs chez les membres de la communauté cambodgienne du Québec. J'ai eu l'occasion de discuter avec plusieurs survivants. Leur douleur est vive, mais ils sont désormais prêts à en parler. Le Québec a accueilli, à la fin des années 70 et au début des années 80, des centaines de réfugiés cambodgiens, qui forment aujourd'hui une communauté de quelque 15 000 personnes qui contribuent de façon brillante à l'essor du Québec. Notre gouvernement a l'intention d'aller de l'avant afin de faire du 19 septembre la journée officielle de commémoration de ces crimes commis au Cambodge par le régime des Khmers rouges, comme le souhaite la communauté. Dans un contexte international marqué par la crise des migrants, il est important de se rappeler que notre histoire témoigne que le Québec s'enrichit indéniablement lorsqu'il offre un avenir, la sécurité et la paix à des hommes, des femmes, des enfants chassés de leurs pays par la guerre et la violence. Merci, M. le Président. Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve pour son intervention sur cette même motion. À vous la parole. Mme Carole Poirier Mme Poirier : Merci, M. le Président. Alors, les victimes et les survivants des atrocités commises par le régime des Khmers rouges n'obtiendront jamais une pleine réparation. L'an dernier, 35 ans après la chute du régime khmer rouge qui a causé la mort de plus de 2 millions de personnes pendant ses quatre ans de règne au Cambodge, de 1975 à 1979, ses deux plus hauts dirigeants encore en vie ont finalement été accusés de crimes contre l'humanité et ont été condamnés à la prison à vie. C'est une petite consolation pour les survivants, bien mince, si on la compare à toutes leurs souffrances. Pour les victimes, la seule réparation possible est notre devoir de mémoire. C'est pourquoi je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui sur le souhait partagé que nous avons tous ici afin que le 19 septembre devienne officiellement la journée de commémoration des crimes contre l'humanité commis au Cambodge par les Khmers rouges. Notre devoir, chaque année à cette date, sera de nous remémorer que nous ne sommes jamais à l'abri de la violence de l'homme sur l'homme, que l'homme est le principal ennemi de l'homme. Notre devoir de mémoire devra aussi nous permettre de souligner que l'homme est également capable de paix, de générosité et de solidarité, et c'est ce droit qui devrait toujours triompher. Je me permets aussi d'adresser quelques mots aux Québécois d'origine cambodgienne qui ont su trouver chez nous une terre d'accueil, une terre de paix et d'ouverture. Je vous remercie de votre apport à la société québécoise. Je souhaite que le Québec continue d'être cette terre d'accueil que nous avons toujours été. J'espère que d'autres personnes forcées de quitter leur pays en raison de situations de violence à travers le monde puissent également trouver ici une terre d'accueil. Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, Mme la députée, de votre intervention sur cette motion. Je cède maintenant la parole à M. le député de Deux-Montagnes pour son intervention sur cette même motion. |
M. Benoit Charette M. Charette : Merci, M. le Président. Je serai bref, mais ça me fait plaisir, au nom de ma formation politique et en mon nom personnel, de prendre la parole sur cette importante motion. Ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve le mentionnait, c'est un drame humain inqualifiable qui s'est vécu sur une très courte période de temps, on parle de quatre années à peine mais tout près de 2 millions de morts, effectivement. Et, si on ramène ça à la population de l'époque, c'est essentiellement 20 % de la population du Cambodge qui a été décimée sur quelques années à travers des famines provoquées, à travers la torture, à travers des assassinats. Donc, oui, effectivement, il y a ce devoir de mémoire qui nous revient. Et ce deuil qui l'accompagne est d'autant plus difficile à vivre encore aujourd'hui que certains dirigeants actuels sont d'anciens Khmers rouges. Donc, le deuil, pour être pleinement vécu, doit être facilité par des gestes de commémoration, mais, au Cambodge, encore aujourd'hui, le sujet demeure tabou, d'où l'importance pour la communauté internationale d'appuyer des motions comme nous le faisons aujourd'hui, d'où l'importance pour notre Assemblée nationale de se rappeler effectivement ces tristes événements. Et, Mme la ministre le disait également à juste titre, on a une communauté cambodgienne qui, en nombre, n'est pas la plus importante mais qui occupe tout de même une place privilégiée, que nous apprécions. Ici, au Québec, on parle de tout près de 15 000 personnes, dont des descendants de victimes, sinon encore des victimes directes de ces atrocités. Donc, bien content que l'Assemblée nationale, aujourd'hui, puisse joindre sa voix à tous ces Parlements à travers le monde ou sinon à travers la communauté internationale, qui insiste pour qu'on se souvienne de cette tragédie, et, on l'espère, qu'à chacune des fois ces devoirs de mémoire évitent de nouvelles tragédies dans l'avenir. Donc, merci, M. le Président. Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député de Deux-Montagnes, de votre intervention. Je cède maintenant la parole à M. le député de Mercier pour son intervention sur cette même motion. À vous. M. Amir Khadir M. Khadir : Merci, M. le Président. Il est bien entendu que Québec solidaire joint sa voix à cette initiative du gouvernement et de mes collègues de l'opposition. Au printemps dernier, la communauté cambodgienne de Montréal nous avait invités à un événement commémoratif pour lancer leur initiative. Ça fait plusieurs années déjà, évidemment, que les Cambodgiens au Québec sont déterminés à faire en sorte qu'on puisse collectivement, se joignant à d'autres initiatives de d'autres Parlements à travers le monde... donc, que, collectivement, on se saisisse de ce devoir de mémoire. Bien sûr, quand le recul du temps a permis à l'histoire et, disons, à la communauté internationale de bien se pencher sur un crime contre l'humanité tel que perpétré au Cambodge il y a maintenant 40 ans, bien, il devient impératif à ce moment-là, lorsqu'un consensus est obtenu, de se rappeler, de commémorer, comme on se plaît souvent à le dire, pour que plus jamais ça ne se répète. Alors, si ce geste a une valeur, je rappelle que voilà maintenant quelques occasions qui... Ensemble, à l'Assemblée nationale, on s'est penchés sur des événements historiques tragiques qui ont vu des milliers, sinon des millions de gens perdre la vie aux mains de gens qui agissaient sans doute souvent pour la raison d'État, pour des raisons de sécurité, pour les meilleures intentions, pour paver, en fait, la voie du paradis, mais d'un enfer terrestre. Ça a été le cas dans le Cambodge, comme on le sait, un gouvernement qui voulait amener le peuple cambodgien à la libération les a conduits à ce massacre. Mais maintenant, si ce devoir a une valeur et que nous nous penchons là-dessus, je nous invite à former un comité permanent, formé de tous les partis présents à l'Assemblée nationale, pour se pencher sur d'autres problèmes plus urgents, qu'on nous interpelle souvent, les communautés présentes. Je pense à la communauté congolaise. Il y a eu près de 4 millions de personnes qui ont perdu la vie au cours des 20 dernières années au Congo dans des guerres qui ont opposé la population à différentes armées. Il y a la situation de la Palestine. Donc, un comité permanent pour se pencher sur ces sujets-là. Merci beaucoup, M. le Président. • (11 h 20) • Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député de Mercier. Mise aux voix Alors, est-ce que cette motion est adoptée? Des voix : Adopté. Le Vice-Président (M. Gendron) : Et, tel que souhaité, nous allons observer une minute de silence compte tenu du caractère de cette motion. |